Samedi 17 novembre 2012 – Musée Guimet – Paris
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Le thème
Visite guidée de l’exposition « Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire » puis tea-time
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L’exposition
Du 3 octobre 2012 au 28 janvier 2013, le Musée Guimet a présenté une exposition très intéréssante sur le thé. Nous avons eu le plaisir de la visiter avec une guide passionnante : Charlène Veillon. Grâce à son enthousiasme, et à ses explications claires et précises, notre visite nous a paru bien courte.
Musée des Arts Asiatiques Guimet |
6 Place d’Iéna – Paris 16ème – Métro Iéna
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Sur cette page, vous trouverez :
Des ustensiles pour la dégustation
Les céladons : des bols pour le thé battu
Des grès noirs pour l’écume blanche
Visite de l’exposition
Boisson universelle, la plus populaire au monde, le thé est né en Chine sous la dynastie des Tang. Ce dérivé du camélia prospérait à l’état sauvage en Chine du Sud-ouest et fût cultivé sous forme d’arbustes aux alentours de notre ère.
L’infusion extraite de ses feuilles entre ainsi dans les moeurs et va progressivement gagner toute l’Asie orientale.
Au cours des deux millénaires de son histoire, sa consommation passera par trois phases : l’âge du thé bouilli sous les Tang (618-907), l’âge du thé battu sous les Song (960- 1279), l’âge du thé infusé sous les Ming (1368-1644).
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L’exposition est donc divisée en quatre partie principales :
- Contexte historique
– Salle 1 : introduction
– Salle 2 : diffusion du film « Un maitre de thé »
. - L’époque du thé bouilli sous les Tang (618-907)
– Salle 3 : histoire de l’apparition du thé
. - L’époque du thé battu sous les Song (960- 1279)
– Salle 4 : Chine classique
– Salle 4 : le pavillon de thé
– Salle 4 : le Japon
. - L’époque du thé infusé sous les Ming (1368-1644)
– Salle 5 : L’époque Ming
– Salle 5 : L’époque des Qing – le thé dans le Monde
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Un gobelet de Thé Guimet, créé par le Palais des thés pour cette exposition, est offert à chaque visiteur à l’entrée.
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Introduction
Lu Tong infusant le thé – Ding Yunpeng (1547 – 1628)Chine, fin de l’époque Ming (1368 – 1644)Peinture sur papier, encre et couleursTapei, République de Chine, Musée National du Palais |
Branche de théier impérial en fleur Qian Xuan (c. 1235 – 1301) . Appartenant à la famille des Camellia, le théier est un cousin du camélia horticole qui au printemps, se couvre d’une multitude de petites fleurs blanches au coeur jaune vif. Il aime l’altitude, les terres riches, l’humidité, la chaleur et prospère dans les provinces de Chine méridionale. Taillé en buisson, la cueillette des feuilles tendres a lieu dans les jardins enveloppés de brume à l’époque de la fête de Pure Clarté. |
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Tonne de thé (Thé compressé) Ai Weiwei (1957 –) Chine, époque contemporaine – Manensee, collection Sigg, Suisse A l’entrée de l’exposition, la tonne de thé de Ai Weiwei est une création contemporaine, consistant à simplement choisir un objet quotidien et le désigner comme objet d’art. Son auteur né en 1957 est l’introducteur de l’art conceptuel en Chine et s’illustre en modifiant des objets « ready-made », un travail apparemment iconoclaste, à la fois malicieux et profond mais qu’il consacre en fait à la culture classique. Ce volume compact calibré, selon les critères du monde contemporain, entend affirmer l’importance du thé dans le monde d’aujourd’hui. Il symbolise le poids de cette boisson de par le monde. Le thé étant la deuxième boisson la plus consommée dans le monde, après l’eau. |
L’époque du thé bouilli sous les Tang (618-907)
Au VIIe siècle, et en partie au cours du siècle suivant, la préparation la plus courante consiste à broyer les feuilles en fines particules, à les faire bouillir dans une marmite en y ajoutant les aromates. Cette mixture est servie dans des bols à la louche. Ce mode particulier sera introduit au Tibet et en Mongolie où il perdure encore.
Le thé, en vogue dans les monastères, conduit à l’éveil et concurrence le vin, compagnon traditionnel des lettrés. A partir de la seconde moitié de du VIIIème siècle, avec Lu Yu et son approche poétique, sa consommation est élevé au rang d’une liturgie. Dorénavant, l’histoire du thé est appelée à se confondre tant avec celle des arts nobles qu’avec celle des objets du quotidien.
Grâce au progrès du conditionnement sous forme de galettes compactes, le thé devient une monnaie précieuse qui permet la mise en place d’un réseau d’échange connu sous le nom de l’Ancienne route du Thé et des Chevaux. Tibétains et plus tard Mongols alimentés par ce commerce, deviennent de grands consommateurs de thé fermenté, leur vaisselle est toutefois fort différente, l’orfèvre et le dinandier des cimes et des steppes ont remplacé le potier chinois.
En retour, ces grands éleveurs de chevaux vont être à même de pourvoir aux besoins des armées impériales. Cette circulation entre le Yunnan, le Sichuan, le Tibet, le Qinghai et la Mongolie s’opérait en terrains difficiles. Cette route va jouer un rôle comparable à celle de la route de la Soie. Elle connaitra des temps d’arrêt mais continua à fonctionner jusqu’au-delà de la dernière dynastie des Qing (1644 – 1911).
Moulin à moudre le thé |
Née dans un contexte bouddhique, la préparation du thé demande un grand soin et requiert des instruments spécifiques, en particulier un moulin à moudre les briques de thé. La poudre ainsi obtenue sera versée dans l’eau bouillante. Le modèle présenté ici en argent dorée est daté de 872. Il est très semblable à celui découvert dans le trésor du Famensi en 1987, daté de 869. En effet, dans la crypte souterraine du plus célèbre des temples bouddhiques de Chine, le Famensi, a été découvert un ensemble d’objets en argent servant à la préparation du thé. |
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Des ustensiles pour la dégustation
Du fait de l’installation des deux capitales des Tang (618-907), Xi’an et Luoyang dans le nord, des centres de production céramique vont prospérer, à Gongxian au Henan, puis à Xingyao et bientôt à Dingyao au Hebei, aboutissant à la naissance de la proto-porcelaine.
Trois figurines féminines préparant le thé |
Verseuse |
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Entre le VIème et le Xème siècle, l’impact le plus direct du thé sur l’économie s’exerce dans le développement de la production céramique. Les fours se multiplient, façonnant des créations austères et dépouillées en grès à couverte, bols ou verseuses.
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L’époque du thé battu sous les Song (960- 1279)
Les mystérieuses propriétés stimulantes du thé qui libèrent l’esprit et renforcent les liens entre amis vont se trouver amplifiées avec la méthode du fouet, entendez le thé battu. Elle consiste à mettre dans un bol du thé vert réduit en fine poudre, de le battre en le mélangeant avec de l’eau bouillante. Cette émulsion mousseuse constitue un breuvage tonique.
Cette boisson désormais patronnée par la cour des Song (960-1279) devient de plus en plus populaire, stimulant une incessante créativité.
L’adoption du thé dans toute la Chine a pour conséquence directe la naissance d’une véritable industrie céramique au cours de XIIème et XIIIème siècles. Qu’ils s’agissent des céladons au revêtement satiné, des clairs de lune à la somptueuse couverte opalescente, des temmoku ou encore des porcelaines, au corps blanc nappé d’une vitrification azurée, partout en Chine, la passion du thé permet l’éclosion de cet âge d’or de la céramique.
A la même époque, les premiers théiers sont acclimatés au Japon. Le thé entre progressivement dans les moeurs, notamment par le truchement des moines de la secte Rinzai. A Kyoto, le temple Daïtoku, fondé en 1319 devient le berceau de chanoyu ou « cérémonie du thé ». Sen no Rikyû (1522-1591), demeure probablement la figure la plus marquante de cette lignée de maîtres de Thé. Adepte du style wabi, cette simplicité mélancolique, il suscite la création des célèbres bols raku, Il nous invite à considérer chaque rencontre autour du partage d’un thé comme devant être regardé tel un instant unique qui jamais plus ne se reproduira.
Moudre le thé Liu Songnian (c. 1174 – 1224) Chine, époque Song (960 – 1279) Peinture sur soie, encre et couleurs légères Tapei, République de Chine, Musée National du Palais |
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Les céladons : des bols pour le thé battu
L’utilisation du fouet, pour émulsionner le thé, impose des formes nouvelles. Les céladons, admirés depuis les Tang, seront produits en nombre sous les Song (960-1279) : qu’ils s’agissent des céladons du Nord, au corps incisé de Yaozhou au Shaanxi ou de ceux de l’Est, au revêtement satiné de Longquan au Zhejiang ou encore des clairs de lune irisés d’éclats pourpres de Junyao au Henan.
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Des grès noirs pour l’écume blanche
L’écume voluptueuse du thé battu, est particulièrement mise en valeur dans les bols en grès sombre dits temmoku. Ils sont revêtus d’une couverte onctueuse, colorée à l’oxyde de fer, du type « fourrure de lièvre », « plume de perdrix » ou « gouttes d’huile », produits à Jianzhou au Fujian ou à Jizhou au Jiangxi. Il convient de signaler en particulier la pièce cerclée d’argent, provenant de la collection du shogun Oda Nobunaga (1534-1582), chef-d’oeuvre du genre.
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L’époque du thé infusé sous les Ming (1368-1644)
L’âge du thé infusé est né à la suite du décret de 1391 promulgué par l’empereur Hongwu (1368-1388) au début des Ming, qui imposa un retour à la simplicité. A la différence des galettes antérieures compressées, les feuilles des théiers étaient cueillies, séchées et torréfiées. Une fois plongée dans l’eau bouillante, elles révélaient pleinement leurs saveurs.
Ce mode de préparation simplifié était très apprécié par les lettrés. Ces arbitres du goût, qu’ils soient dans le silence de leur cabinet de travail ou plongés en pleine nature dans un environnement grandiose, aiment à élaborer ce breuvage stimulant qui libère leur imagination et les invite à méditer sur la vanité du monde. Il permet également d’introduire un nouvel instrument : la théière, façonnée en grès ou en porcelaine.
Sous les Qing (1644-1911), le goût manchou impose de nouveaux critères faisant la part belle au décor et à l’ostentation. Trois empereurs se succèdent en un siècle et demi : Kangxi (1662-1722), Yongzheng (1722-1735), Qianlong (1736-1795), établissant un pouvoir fort favorisant une floraison artistique sans précédent. A la vigueur des céramiques Ming succèdent la virtuosité des émaux Qing, illustrés par une production novatrice. Les plus belles pièces émanent alors de la Manufacture impériale de Jingdezhen, certaines mêmes sont conçues au sein de la Cité Interdite, sous le contrôle direct des souverains.
En préparant le thé |
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La découverte autour de l’an Mil, des gisements de kaolin, de Jingdezhen au Jiangxi en Chine méridionale, permet le développement de l’industrie porcelainière sur une grande échelle. Apparaissent les première qingbai, ou blanc-bleutés, au corps immaculé, nappé d’une couverte azurée, qui vont séduire les amateurs de thé. Leur succès sera immédiat, et les imitations nombreuses en particulier en Chine du Sud.
Bol, lianzi (lotus) |
Théière |
Bols impériaux en porcelaine à décor floral en émaux polychromes sur couverte, Chine L’empereur Kangxi (1662-1722), contemporain de Louis XIV, séduit par les émaux sur cuivre venus de France s’attacha à en faire copier la technique sur porcelaine. Ces réalisations rares et précieuses seront exécutées dans l’enceinte de la Cité interdite durant les dernières années de son règne ainsi que sous celui de son successeur l’empereur Yongzheng (1723-1735), à l’aide d’émaux lumineux aux couleurs contrastées, dont certaine furent importés à l’Occident, tels le blanc arsenic ou le pourpre de Cassius. |
Théière chahu |
Une couleur venue de l’étranger Un émail rose, dérivé du chlorure d’or, dit pourpre de Cassius, en provenance des Pays-Bas est acclimaté en Chine autour des années 1720. Cette couleur étrangère à la fois douce et lumineuse se marie admirablement avec le blanc froid et immaculé de la porcelaine. Son succès est immédiat. Il est à l’origine des famille rose, des créations délicates sous Yongzheng (1723-1735) qui évoluent en objets de virtuosité sous Qianlong (1736-1795). . |
Sous les Ming et les Quing, le thé franchit le plateau Mongol pour parvenir jusqu’en Russie. Ce commerce est en partie au mains des marchands de Shianxi, des acteurs particulièrement entreprenants qui n’hésiteront pas à parcourir de très longues distances pour se fournir dans les monts Wuyi. Ils gagnent ensuite la Mongolie ….. ils traversent la Sibérie ….. Aussi le thé va-t-il devenir un élément important des échanges sino-russes. En 1727, le traité de Kiakhta désigne la ville du même nom comme le pôle principal de ce trafic, un commerce qui atteint son apogée à la fin du XVIIIème siècle et, en 1830, consitue 93% des échanges avec la Russie. On comprend pourquoi le samovar est devenu un symbole du monde russe, avec son foyer, sa réserve d’eau munie d’un robinet et sa théière couronnant l’édifice et destinée, à toute heure du jour, à faire bouillir un thé fort que l’on allonge d’eau. En raison du coût élevé du thé, le samovar reste, au départ, limité à la cour et aux maisons nobles. Toutefois, au XIXème siècle, il finit par être largement adopté et gagne même des pays limitrophes comme l’Iran, la Turquie ou l’Arménie. |
Samovar |
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Porcelaine de commande et l’Europe
Le thé constitue une richesse que les Chinois exporteront hors de leurs frontières, soit par voie terrestre, soit par voie maritime. Les premières caisses arrivent en Occident en 1606. Au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle, le thé entre dans les grandes maisons princières au même titre que le café et le chocolat. A compter de cette date, les céramistes chinois vont produire des modèles destinés à l’Europe. Au XVIIIème siècle, Delft, Rouen, Meissen et Sèvres, à partir de 1756, se mettent à créer à leur tour des nécessaires à thé.
Théière |
Le thé constitue une richesse que les Chinois exporteront hors de leurs frontières, soit par voie terrestre, soit par voie maritime. Les premières caisses arrivent en Occident en 1606. Au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle, le thé entre dans les grandes maisons princières au même titre que le café et le chocolat. A compter de cette date, les céramistes chinois vont produire des modèles destinés à l’Europe. Au XVIIIème siècle, Delft, Rouen, Meissen et Sèvres, à partir de 1756, se mettent à créer à leur tour des nécessaires à thé. |
Boîte à thé |
Boîte à thé |
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Pavillon de Thé
Oeuvre de Masao Nakamura, le pavillon de thé du musée Guimet a été construit en 2001 sur le principe d’assemblage poteau-poutre, où chaque pièce de bois s’encastre par un jeu savant de découpes précises, à l’aide de matériaux de haute qualité. L’intérieur, d’une superficie de 25 m2, se compose de deux pièces, l’une destinée au service, l’autre à la célébration de la cérémonie du thé. La pièce principale permet d’accueillir jusqu’à sept invités. |
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Catalogue de l’exposition
Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire Les photos et les textes de ce compte-rendu sont extraits du catalogue de l’exposition. . Coédition Réunion des Musées Nationaux Grand Palais/Musée Guimet Catalogue de l’exposition sous la direction de Jean-Paul Desroches, commissaire de l’exposition http://www.boutiquesdemusees.fr/fr/librairie/le-the-histoires-une-boisson-millenaire/4091.html |
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Notre tea-time
Après cette visite fort instructive, nous avons traversé la place de Iéna pour nous retrouver au restaurant/salon de thé de l’Hôtel Shangri-La, La Bauhinia, où nous attendait un délicieux tea-time préparé pour nous par l’équipe du restaurant.
10 avenue d’Iéna – Paris 16ème – Métro Iéna http://www.shangri-la.com/fr/paris/shangrila/dining/restaurants/la-bauhinia/ |
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